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Le déploiement de Starlink en France fait couler beaucoup d’encre. Porté par SpaceX, le
projet consiste à permettre l’accès haut débit à Internet via une constellation de
nanosatellites.
S’il existe différents types de satellites adaptés à des usages variés, les nanosatellites
intéressent pour plusieurs raisons.
- La fréquence de passages : lorsqu’il s’agit de couvrir un réseau avec des passages
plus fréquents, le choix d’une constellation de nanosatellites s’avère plus
performant.
- Le coût : les petits satellites sont une solution moins onéreuse que les satellites
géostationnaires (satellites immobiles dans le référentiel terrestre), pour ne citer
qu’eux. L’investissement nécessaire est réduit, tant au niveau de leur fabrication que
de leur lancement.
- L’agilité qu’ils permettent : lancer des grappes de satellites de manière rapide offre
la possibilité de procéder à des réajustements réguliers en fonction des besoins.
Pour donner une idée d’ordre de grandeur, un nanosatellite pèse généralement moins de 10
kg (on parle aussi de CubeSat), là où un gros satellite peut atteindre une masse supérieure à
5 tonnes. On constate toutefois ci-dessous que les nanosatellites ne sont pas les plus légers
qui existent :
Elon Musk est loin d’être le seul à s’intéresser à ce type de satellites. On peut citer d’autres
acteurs privés, à l’image d’Amazon. L’entreprise de Jeff Bezos prévoit de lancer une
constellation de plus de 3 200 satellites en basse orbite, afin de proposer des services de
haut débit à ses clients, aux entreprises et même aux gouvernements. Pour ce projet
Kuiper, un contrat a été signé avec ULA, le constructeur de Boeing, et Lockheed Martin
pour 9 fusées Atlas.
De manière plus globale, c’est tout l’univers de l’IoT satellitaire qui se développe sur la base
de ces constellations. Le groupe industriel Schneider Electric a par exemple retenu une
solution par gateway pour “remonter des informations critiques d’équipements situés dans
des endroits sans aucun moyen de communication”.
Il est toutefois important de ne pas réduire l’usage des nanosatellites aux GAFA et gros
acteurs privés. Depuis des années déjà, les institutions scientifiques sont également très
actives sur le sujet.
Rappelons d’ailleurs que CubeSat “désigne un format de nanosatellites défini en 1999 par
l’Université polytechnique de Californie et l’université Stanford (…) pour réduire les coûts de
lancement des très petits satellites et ainsi permettre aux universités de développer et de placer en
orbite leurs propres engins spatiaux.”
Les principaux champs d’étude scientifique des nanosatellites portent notamment sur
l’étude du vent solaire et celle des astéroïdes. Dans le cadre de la mission spatiale
DART menée par la NASA par exemple, un nanosatellite accompagne l’engin spatial
principal et collecte images et données en complément des observatoires au sol.
Le LICIACube , c’est son nom, est fourni par l’Agence spatiale italienne.
Les Etats s’intéressent aussi aux possibilités offertes par ce type de satellites. Le Zimbabwe
enverra ainsi son 1er nanosatellite, ZimSat-1, dans l’espace dès 2022. Il permettra “entre
autres au pays de mieux gérer ses ressources naturelles, de se prémunir des catastrophes
naturelles, d’observer et d’étudier les changements climatiques.”
On le voit, cette typologie de satellites (tant micro que pico) va aussi bien venir
révolutionner la communication “grand public” que les échanges et observations à vocation
institutionnelle ou scientifique.
Et au sol ? Les enjeux sont majeurs, en particulier au niveau du type d’antennes et des
endroits où les implanter (ce qui fait naître de nombreux débats au niveau local dans les
zones concernées).
L’Union Européenne finance notamment des recherches scientifiques pour aboutir à des
antennes compactes et abordables qui permettront à terme d’améliorer la largeur de
bande des antennes et de favoriser une meilleure communication entre les stations au sol
et les satellites.
Reste à régler, entre autres enjeux, la question cruciale de la vulnérabilité de ces satellites
et des données qu’ils captent et échangent. Ces constellations peuvent être hackées (vous
pouvez lire à ce sujet cet article qui résume bien les soucis que peuvent poser la création
de nouveaux territoires “piratables” et relaie le fait que l’”on a oublié un danger : ces
satellites commerciaux ne sont pas soumis à des normes de cybersécurité “). La sécurisation des
satellites est d’ailleurs un sujet de plus en plus présent, au point d’ailleurs pour la France
de développer son propre patrouilleur spatial pour les protéger. Enfin, la multiplication des
constellations pose la question des risques de collisions, sur lesquels travaille notamment la
Nasa.
Au final, les nanosatellites sont une véritable révolution en matière de communication à
tous les niveaux et apportent de vrais avantages en comparaison des modèles plus
imposants qui évoluent déjà dans l’espace. Ils posent toutefois de nombreux défis sociétaux
et de sécurité à relever dans les années à venir.
par Ametra | Oct 11, 2021 | Aeronautique , Innovation, Spatial | 0 commentaires